Chaque petit geste compte… pour eux
Nous souhaitons tous avoir un impact positif sur la vie des gens qui nous entourent. Pourtant, trop souvent, nous compliquons les choses. Nous croyons que cet impact doit venir de grands gestes spectaculaires, d’initiatives ambitieuses, de réformes d’envergure, de moments qui attirent les applaudissements et la reconnaissance.
Mais la vérité est beaucoup plus simple. Les moments qui comptent le plus sont rarement les plus bruyants.
Ce sont souvent les plus petits gestes, les brèves conversations, l’attention discrète offerte au moment précis où quelqu’un en a le plus besoin.
C’est ce que les gens recherchent vraiment. Pas des fanfares ni des feux d’artifice — simplement le fait d’être vus, entendus et soutenus.
Un moment sur le plancher de production
Il y a quelques mois, lors de mon dernier mandat dans une usine, je marchais sur le plancher de production lorsque j’ai remarqué un employé qui semblait bouleversé. Il n’était pas seulement fatigué — quelque chose le préoccupait profondément.
Je me suis arrêté. Pas longtemps, juste assez pour lui demander ce qui n’allait pas.
Il m’a expliqué que ses conditions de travail étaient éprouvantes.
Son poste consistait à laver des « pucks » — de petites pièces servant à transporter les unités le long du convoyeur pour le remplissage, le codage, l’étiquetage, etc.
Pour quelqu’un à l’extérieur de l’industrie, « laver des pucks » peut sembler anodin. Mais j’ai rapidement compris que sa situation était sérieuse.
Il m’a conduit à son poste : un minuscule espace, avec de l’eau chaude, des produits chimiques agressifs et presque aucune ventilation.
Dès que j’y suis entré, mes yeux ont commencé à brûler.
Je n’aurais pas pu y rester une minute complète.
Et pourtant, cet employé devait y passer plusieurs heures.
J’ai immédiatement reconnu que ce n’était pas acceptable.
Je lui ai demandé s’il en avait parlé à son superviseur.
« Oui, » m’a-t-il répondu. « Mais rien n’a été fait. »
Un processus bloqué
C’est souvent là que les choses s’arrêtent dans les organisations.
Un employé s’exprime.
Le problème est reconnu — ou balayé du revers de la main — mais aucune action ne suit.
Et avec le temps, l’employé en vient à croire que parler ne sert à rien.
C’est exactement où il en était.
« Quelle est ta prochaine étape? », lui ai-je demandé.
« Aucune », a-t-il répondu, d’un ton las. « J’attends que mon superviseur agisse. »
Mais attendre n’était pas une solution. Sa santé était en jeu. Sa frustration était palpable.
Et le silence du leadership minait déjà sa confiance envers l’organisation.
Accompagner la prochaine étape
Je l’ai encouragé à persévérer — avec respect, mais fermeté.
Il devait demander de l’aide à nouveau, mais cette fois avec plus de structure :
-
Montrer la zone de travail et le manque de circulation d’air.
-
Documenter les effets sur sa santé.
-
Suggérer des améliorations possibles.
-
S’assurer de suivre à la lettre les procédures, afin d’éviter qu’on rejette la faute sur lui.
Et si son superviseur ne bougeait toujours pas?
Alors il devait escalader le dossier : en parler au gestionnaire, à l’équipe de santé et sécurité, s’assurer que le problème ne puisse plus être ignoré.
De mon côté, je connaissais certaines personnes responsables.
Même si cela ne faisait pas partie de mon mandat, j’ai discrètement parlé du sujet à quelques gestionnaires lorsque je les croisais.
Et chaque fois que je voyais l’employé, je prenais le temps de faire un suivi.
Les semaines ont passé. Rien ne bougeait.
Mais la persévérance finit toujours par porter fruit.
Une rencontre a finalement eu lieu.
L’employé a pu expliquer la situation, et des mesures correctives ont été mises en place pour améliorer les conditions de travail.
L’impact de 30 minutes
Depuis, chaque fois que je le croise, il me remercie.
Il m’offre de m’acheter un dîner.
Il sourit davantage.
Il se sent écouté, respecté et valorisé.
Et la vérité, c’est que mon rôle a été minime.
Au total, j’ai peut-être passé 30 minutes à l’encourager, à faire des suivis, et à rappeler le problème à quelques gestionnaires.
Rien de spectaculaire.
Aucun grand discours.
Juste de la présence et de la constance.
L’impact, lui, a été immense :
-
Un milieu de travail plus sécuritaire.
-
Un employé à nouveau motivé.
-
Une confiance reconstruite, là où elle s’effritait.
Un petit geste, répété avec constance, a transformé la frustration en gratitude.
En y repensant, j’aurais dû lui répondre autre chose lorsqu’il m’a proposé de me remercier.
J’aurais dû dire :
« Rends-moi la pareille en aidant un collègue quand il en aura besoin. Transmets-le à ton tour. »
Parce que c’est ainsi que les cultures évoluent : un geste de soutien à la fois, multiplié par le nombre de personnes qui choisissent d’agir.
Leçons apprises
Cette histoire m’a rappelé plusieurs vérités essentielles sur le leadership et l’impact.
1️⃣ Les petits gestes bâtissent la grande confiance
Pas besoin d’attendre un grand programme pour montrer aux employés qu’ils comptent.
Un simple « Comment ça va? » posé au bon moment peut faire la différence entre un employé qui se referme et un autre qui ose s’exprimer.
2️⃣ Écouter, c’est déjà diriger
Ce qui a tout changé ici, ce n’est pas ma capacité à « régler » le problème, mais le fait d’avoir pris le temps d’écouter, de valider son expérience et de l’encourager à continuer.
Les gens n’ont pas toujours besoin de solutions — ils ont d’abord besoin d’être entendus.
3️⃣ L’appui crée l’élan
L’employé s’était déjà exprimé.
Ce qu’il lui fallait, c’était quelqu’un pour soutenir sa parole, lui donner du poids et rappeler aux décideurs que le problème était bien réel.
En tant que leaders, même un petit acte d’appui peut briser le cycle de l’inaction.
4️⃣ La persistance l’emporte sur la politique
Les semaines passaient sans changement. C’est là que la constance a fait la différence.
Rappeler calmement et régulièrement le problème a permis qu’il ne tombe pas dans l’oubli.
Le changement demande souvent de la répétition, pas seulement une conversation.
5️⃣ Le leadership ne dépend pas d’un titre
Ce n’était pas dans ma description de poste.
Personne ne m’avait demandé d’intervenir.
Mais le leadership n’est pas une fonction, c’est un choix.
Chacun de nous a le pouvoir d’agir lorsqu’il voit une situation inacceptable.
En conclusion
Nous surestimons les grands moments et sous-estimons les petits.
Le leadership ne se manifeste pas toujours dans les grandes stratégies ou les décisions de la salle du conseil.
Il se révèle souvent dans les conversations de corridor, les suivis rapides, et la volonté de s’arrêter lorsqu’un collègue semble préoccupé.
Dans ce cas-ci, 30 minutes d’attention ont transformé la réalité d’un employé.
Il est passé de frustré et ignoré à motivé et reconnaissant.
Et, au passage, ses conditions de travail — et peut-être sa santé à long terme — se sont améliorées.
La leçon est simple, mais puissante : Chaque petit geste compte.
Lorsque vous prenez le temps d’écouter, d’encourager la persévérance, ou de défendre quelqu’un discrètement, vous lui rappelez qu’il est vu et qu’il a de la valeur.
Et quand les employés se sentent vus et valorisés, la performance suit naturellement — non pas par pression, mais parce qu’ils savent que quelqu’un se soucie vraiment d’eux.
Alors, la prochaine fois que vous croisez un collègue qui semble préoccupé, arrêtez-vous.
Posez la question. Offrez votre soutien.
Cela vous semblera peut-être anodin sur le moment.
Mais pour lui, cela pourrait tout changer.
Carl-Michael Tessier
P.S. : Quel est le « petit geste » qu’une personne a posé un jour et qui a eu un grand impact sur vous au travail? Partagez votre expérience dans les commentaires.
~~~
#LeadershipEmpathique #ChaqueGesteCompte #ÉcouteActive #AméliorationContinue #ExcellenceOpérationnelle
Laisser un commentaire