Le quart de nuit va t’appeler …

Le quart de nuit va t’appeler …

Les employés allaient m’appeler chaque nuit ?

On m’avait prévenu : « Tes employés vont t’appeler toutes les nuits. »

Ils ne l’ont pas fait. Voici pourquoi.

les employés vont m'appeler la nuit?Quand j’ai pris le poste de superviseur du laboratoire analytique, j’étais responsable de plusieurs équipes fonctionnant jour et nuit.

Le laboratoire opérait 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et en tant que nouveau superviseur, j’ai vite compris que les quarts de nuit apportaient leur lot de défis : moins de ressources, moins de supervision, et une autonomie beaucoup plus grande exigée de la part de l’équipe.

Avant même de commencer, la prédécesseure m’a lancé cet avertissement sans détour :

« Bonne chance pour rester sain d’esprit. Le quart de nuit va t’appeler chaque soir. »

C’est ce qui lui était arrivé, en tout cas.

Je l’ai écoutée, mais au fond de moi, je me suis dit :  « Non. Pas sous ma supervision. »

Pourquoi ?

Parce que recevoir des appels chaque nuit n’aurait pas seulement signifié un sommeil interrompu.

Cela aurait surtout révélé un manque d’autonomie, des attentes floues et une dépendance envers moi pour des décisions que l’équipe aurait dû être capable de prendre seule.

Je voulais un résultat différent,  pour eux et pour moi.

Pourquoi je refusais d’accepter le statu quo

Plusieurs raisons m’ont poussé à ne pas reproduire l’expérience de ma prédécesseure :

  • Je voulais que mes équipes se sentent soutenues. Le leadership consiste à créer un environnement où les employés savent qu’ils ont du soutien, tout en se faisant confiance pour prendre les bonnes décisions.

  • J’avais besoin de sommeil. Je dors peu (5–6 heures par nuit), mais je savais que je ne pourrais pas être un bon leader si mon téléphone sonnait à 2 h du matin tous les jours.

  • Je voulais préserver ma vie de famille. Chaque appel nocturne réveillait ma femme, et je n’étais pas prêt à laisser mon travail perturber notre équilibre.

  • Je voulais des équipes autonomes. Le quart de nuit est déjà exigeant. Je ne voulais pas que mes employés croient devoir m’appeler pour chaque petit incident. Je voulais qu’ils aient les outils, la confiance et la clarté nécessaires pour décider par eux-mêmes.

Alors, plutôt que d’attendre que le problème se présente, j’ai agi de manière préventive.

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Établir les règles du jeu

La première chose que j’ai faite a été de rencontrer tous les membres des équipes de nuit pour établir les attentes dès le départ.

Je leur ai dit :

  • Si vous m’appelez, je répondrai. Sans exception. Je voulais qu’ils sachent que je ne les ignorerais jamais.

  • Mais avant d’appeler, consultez chaque membre de votre équipe. Assurez-vous que la réponse ne peut pas être trouvée à l’interne avant de m’impliquer.

  • N’appelez pas pour des broutilles. Pas d’appels pour des objets égarés ou des questions qu’ils pouvaient résoudre eux-mêmes.

  • Faites la différence entre “urgent” et “important”. Les urgences nécessitent une action immédiate. Les choses importantes peuvent souvent attendre au matin.

J’ai aussi précisé quelles informations ils devaient avoir avant de décrocher le téléphone :

  1. Quel est exactement le problème ?

  2. Qu’avez-vous déjà essayé ?

  3. Pourquoi cela ne peut-il pas attendre au matin ?

  4. Quelle solution proposez-vous ?

En les forçant à réfléchir à ces quatre points, je ne faisais pas que réduire les appels inutiles — je leur enseignais la résolution autonome de problèmes.

« Tu ne veux pas qu’on t’appelle »

Un employé m’a un jour testé :

« Donc, en gros, tu ne veux pas qu’on t’appelle. »

J’ai souri et répondu :

« Vous pouvez m’appeler, et je répondrai toujours. Mais avant de le faire, assurez-vous que c’est vraiment nécessaire et que cela ne peut pas attendre au matin. »

Cette nuance était essentielle.
Je ne les repoussais pas.
Je leur montrais que je leur faisais confiance.

Et devinez quoi ?

Ils ont respecté cela.

Ajout de chefs d’équipe

Plus tard dans l’année, j’ai instauré des chefs d’équipe pour les quarts de nuit.
Ceux-ci étaient les seuls autorisés à m’appeler directement.

Deux avantages majeurs :

  • Communication simplifiée : plutôt que dix employés qui pourraient m’appeler, j’avais un seul point de contact par équipe.

  • Développement du leadership : ces chefs ont appris à prendre des décisions difficiles et à assumer des responsabilités, les préparant à des rôles de gestion futurs.

 

Le résultat

Au final ?
J’ai reçu deux appels dans toute l’année.
Pas deux appels par nuit.
Pas deux par mois.
Deux, au total.

Ma prédécesseure n’avait pas tort : les quarts de nuit comportent leurs défis.
Mais elle avait accepté la situation comme inévitable.
Moi, j’ai choisi de ne pas l’accepter.

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La vraie leçon

Cette histoire ne parle pas seulement d’un meilleur sommeil (même si c’était un beau bonus).

Elle illustre une vérité fondamentale du leadership :

👉 Quand une situation ne nous plaît pas, nous avons le choix.

  • Nous pouvons nous plaindre et ne rien changer.

  • Ou nous pouvons décider d’agir pour la transformer.

Ma prédécesseure a choisi la plainte.
J’ai choisi l’action.

Et les plaintes, elles, ne changent jamais rien.
Le changement vient par l’action.

Leçons pratiques pour les leaders

Voici ce que vous pouvez tirer de cette expérience :

  1. Établissez des attentes claires dès le premier jour. N’attendez pas que les problèmes s’accumulent. Expliquez ce que vous attendez et comment vous allez réagir.

  2. Enseignez l’autonomie. Demandez à vos employés de venir avec le problème, ce qu’ils ont tenté, et leur solution proposée. Vous serez surpris : souvent, ils connaissent déjà la réponse.

  3. Clarifiez la différence entre urgent et important. Cette simple distinction réduit énormément le stress inutile.

  4. Désignez des points de contact. Qu’ils s’appellent chefs d’équipe, coordonnateurs ou responsables, ces rôles favorisent la confiance et l’efficacité.

  5. Choisissez l’action plutôt que la plainte. Chaque frustration est une occasion de croissance. À vous de voir si vous l’acceptez… ou si vous la transformez.

 

Conclusion

Le leadership, ce n’est pas être disponible 24 heures sur 24.
C’est créer un environnement où votre équipe n’a pas besoin de vous à chaque minute du jour ou de la nuit.

Quand vous responsabilisez vos employés, établissez des limites claires et leur faites confiance pour agir,
vous réduisez non seulement votre stress, mais vous bâtissez aussi une équipe plus forte et plus compétente.

Et le meilleur dans tout ça ?
Vous dormez mieux, vous aussi.

Carl-Michael Tessier

P.S. : Et vous ? Avez-vous déjà dû fixer des limites pour favoriser l’autonomie de votre équipe ? Comment cela s’est-il passé ? Partagez-le en commentaire pour qu’on progresse ensemble. 🙂

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Carl-Michael Tessier

J’accompagne les gestionnaires et entrepreneurs souhaitant instaurer une gestion plus humaine, tout en renforçant l’efficacité et la performance de leurs équipes. Mettre mon expertise au service des entreprises. De plus, mon expérience en rédaction technique peut être un atout précieux pour votre entreprise.

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